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Actualités

Prix Adami de l’artiste citoyen 2019

Samuel Le Bihan lauréat du prix 2019

L’Adami soutient chaque année à travers le Prix de l’Artiste citoyen, les artistes qui s’impliquent et se mobilisent pour des causes qui leur sont chères.

L’Adami est heureuse de le décerner au comédien Samuel Le Bihan, qui succède à Angélique Kidjo en 2018 et à Zahia Ziouani en 2017.

Interview : Un artiste aux multiples engagements

Le lauréat du prix Adami de l’artiste citoyen 2019 est un acteur aux engagements aussi divers et puissants que ses rôles. Ex-sociétaire de la Comédie-Française, lieutenant intègre dans Capitaine Conan de Bertrand Tavernier, jeune premier chez Kieslowski (Trois couleurs, Rouge), chasseur viril traquant la bête du Gévaudan dans Le Pacte des Loups, arnaqueur empoté dans Jet Set de Fabien Onteniente, héros musclé de la série policière Alex Hugo et bientôt de la fiction Ils étaient dix (adaptée de Dix Petits Nègres d’Agatha Christie), Samuel Le Bihan peut tout jouer. Ce père de trois enfants, dont une fillette autiste, tient sans doute son plus beau rôle en luttant pour les plus fragiles.

Artiste citoyen, vous soutenez plusieurs causes… Qu’est-ce qui motive vos différents engagements ?

Mon engagement date d’il y a longtemps. J’ai longtemps célébré Noël au Secours Populaire, puis j’ai siégé au conseil d’administration d’Action contre la faim, et ensuite j’ai monté l’association écologique Earthwake, qui se consacre au recyclage des plastiques. J’ai été le parrain d’actions pour l’insertion de jeunes filles en difficulté. Je soutiens aussi Moteur !, qui recrée du lien social et générationnel en demandant à des jeunes de filmer les modèles qui les ont inspirés. Les meilleurs projets sont invités au festival de Cannes. Quant à mon engagement contre l’autisme, il est de mon devoir. Ma fille est touchée et j’ai bénéficié de l’action de parents avant moi. Je me dois de faire avancer les choses, d’apporter ma pierre à l’édifice.

Quelles qualités mettez-vous au service de ce militantisme ?

Je fais ce à quoi je suis bon : mettre en place mon réseau, déployer mon énergie pour faire bouger les choses, donner à tous ceux qui participent l’envie d’y croire, travailler à trouver des financements. Je suis un parrain actif, un facilitateur qui amène les gens à se rencontrer, qui permet de rendre l’action plus percutante. J’arrive à prendre du recul, voir ce qui serait nécessaire pour qu’un projet fonctionne, voir ce qui peut lui manquer pour qu’il aboutisse. J’aime voir comment travaillent ensemble des gens très différents, c’est un plaisir pour moi d’amener ces projets communs. Ma notoriété me permet de donner plus d’importance, plus de visibilité aux projets citoyens dont je m’occupe et de faire venir de l’argent. Etre un personnage public est un accélérateur de particules, mais ne fait pas de miracles.

Dans votre roman, Un bonheur que je ne souhaite à personne, vous portez un témoignage intime sur les difficultés des parents confrontés à l’autisme de leurs enfants. Quelles priorités défendez-vous pour améliorer leur quotidien ?

Je suis co-président avec Florent Chapel, de la plateforme Autisme info service, dont les missions sont de mettre en relation des parents de malades, d’ouvrir des portes aux personnes en difficulté, de récolter des dons.
Il y a tant à faire ! L’accompagnement des enfants et des adultes concernés ; l’inclusion
scolaire et l’inclusion professionnelle ; le combat pour la socialisation. Un autiste a besoin des autres, de leur amour, de leur affection, d’échanger et d’être inclus dans un groupe. C’est important pour nous de vivre avec les personnes handicapées.

Que vous apporte ce combat pour améliorer le vivre-ensemble ?

Reconnaître la fragilité, qui nous rappelle que nous ne sommes pas tout-puissants, est une riche expérience. Elle nous fait gagner en tolérance, améliore notre capacité à savoir vivre avec les autres. Face à une personne autiste, qui s’énerve ou devient agressive, il faut être capable de lire sa souffrance. C’est une remise en question de son point de vue qui n’est pas facile. Mais le handicap nous rappelle que chacun est très différent dans ce que Dieu lui a donné. Le secret du bonheur pour une société tient en trois choses : des familles solides, un lien social fort, beaucoup d’entraide. Ce n’est pas donné à tout le monde. Le malheur, la solitude, le rejet font
partie du pire, car l’homme est un animal social.

L’Adami vous décerne le Prix de l’artiste citoyen et une bourse de 10 000 € à verser à l’organisation de votre choix. À qui allez-vous la remettre ?

À Autisme Info Service et Autistes sans frontières, parce que ce sont deux outils importants dont le travail me touche de près. Tout est complexe quand on est confronté à ce handicap. C’est mon cheval de bataille. Et à Earthwake que j’ai cofondé car l’écologie reste une urgence !

Propos recueillis par Nathalie Lacube
Lettre Adami n°96 – juin 2019

 

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