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L’Adami se transforme : rencontre avec sa présidente et son directeur général

La newsletter des artistes n°46 - mars 2021

« L’artiste avant tout. C’est la matrice de nos réformes »

Plus que jamais, l’Adami soutient et accompagne les artistes en mettant en place des dispositifs adaptés aux nouveaux besoins de sa communauté et en offrant aux artistes associés encore plus d’avantages.

Anne Bouvier, présidente du conseil d’administration et Bruno Boutleux, directeur général, présentent les grandes lignes de cette mutation.

 

 

 

 

 

Depuis un an, la culture est à l’arrêt et jusqu’à ce jour, sans perspectives claires de reprise. Quelle est la première chose que vous avez envie de dire aux artistes ?

Bruno Boutleux (BB) : Nous sommes là !
Et dans cette crise qui affecte très durement la culture, nous avons la chance de toujours avoir les moyens de soutenir les artistes dans l’épreuve qu’ils traversent, notamment via la répartition des droits et via de nouvelles aides spécifiques. Nos équipes sont mobilisées à 100%.

Présidente du CA depuis septembre dernier, votre rôle est de « remonter les informations et faire un point sur les choses qui vont et celles qui ne vont pas » : quel bilan faites-vous aujourd’hui, dans un contexte de « confinement de la culture » ?

Anne Bouvier (AB) : Même si je suis arrivée dans un contexte délicat, le bilan est plutôt positif car nous avons pu continuer à travailler et à avancer.
Nous poursuivons les réformes lancées avant la crise : celle de l’action artistique et celle des statuts qui encadrent la conduite de notre société qui sera soumise au vote des artistes associés à l’assemblée générale de cette année.
Nous continuons à innover, à inventer, à être le plus agile possible et à apporter des aides économiques d’urgence aux plus fragilisés, à commencer par ceux du spectacle vivant.

Passer d’un « organisme institutionnel » à celui d’une « société de services » est depuis 5 ans un axe prioritaire de l’Adami « pour accompagner les artistes dans toutes les phases de leur carrière ». Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre cette direction ?

AB + BB : Nous trouvions que l’Adami avait une dimension encore trop institutionnelle. Nous avons souhaité aller vers plus de proximité avec l’artiste.

Notre première décision a d’ailleurs été de transformer le « service des réclamations » qui gérait les questions des artistes à leur société en « service des relations artistes ». Cette nouvelle approche a été la matrice de toutes les étapes de la réforme. Nous témoignons là de notre volonté de mieux souder notre communauté d’artistes. L’idée a été de sortir de la seule gestion des droits pour imaginer toute une gamme de services que nous pourrions rendre aux artistes pour les accompagner dans les différentes phases de leur carrière : l’aide au démarrage, la juste rémunération des droits tout au long de son activité, et un accompagnement social en fin de carrière si nécessaire.

Ce passage aux services est d’autant plus pertinent aujourd’hui. En 2020, nous avons su créer par exemple un dispositif d’aide économique d’urgence pour des artistes dont l’activité a été stoppée par la crise sanitaire.

L’Adami souhaite soutenir de plus en plus directement les artistes : c’est-à-dire ? Voulez-vous doter l’Adami d’ambitions nouvelles, mieux adaptées à la situation des artistes ?

AB + BB : Pour l’Adami, il était temps de « sanctuariser » la place des artistes en intervenant plus directement auprès d’eux afin de mieux les aider dans leurs projets. Au cœur de notre réflexion : l’artiste avant tout ! Pendant longtemps, l’artiste a été au bout de la chaîne de création. Il y avait d’abord l’auteur qui trouvait un producteur pour produire un spectacle, un film, un enregistrement musical… Et en fin de chaîne, l’artiste-interprète pour incarner tout cela. Les artistes sont ce maillon entre le bout de la chaîne de création et le public.

Aujourd’hui avec les technologies qui sont à leur disposition, il leur est de plus en plus facile de remonter les différentes étapes dont celle de la production. Et beaucoup sont auto-producteurs. Partant de ce constat, nous avons établi de nouveaux programmes pour mieux accompagner ces artistes entrepreneurs.

Quelles sont les priorités de cette nouvelle politique ? Quels avantages et bénéfices cela va-t-il vraiment apporter ?

BB : Pour les artistes, de plus en plus nombreux, qui assurent la production de leurs projets, cela revient à apporter une aide directe à leur projet musical, à l’enregistrement ou encore à la promotion. Nous allons également développer ces aides dans l’audiovisuel et pour les contenus numériques.

Mais au-delà du soutien financier, c’est un accompagnement global que nous entendons proposer comme par exemple l’assistance juridique pour les contrats ou la création d’une structure.

Attention, ces aides directes sont réservées aux artistes associés de l’Adami un « statut » qui moyennant 15€ d’adhésion versés une fois pour toutes, donne accès à de nombreux avantages comme par exemple la gestion des droits internationaux. L’Adami fait partie d’un réseau de plus de 50 organismes de gestion collective dans le monde, ce qui nous permet de récolter les droits des artistes que nous représentons partout où leur travail est diffusé.

Par ailleurs nous allons continuer d’aider les entreprises culturelles. Ici, la priorité des priorités reste l’emploi des artistes, pour leur donner la possibilité de travailler et de monter les projets dans un environnement sûr. Les aides automatiques que nous proposons désormais ne passeront plus par une commission. Nous les avons pensées pour sécuriser les structures qui engagent les artistes. Elles répondront désormais à des critères objectifs de masse salariale, de nombre d’artistes sur le plateau, etc. Dès le dépôt du dossier, l’employeur de l’artiste saura si sa demande est éligible ou non.

Anne Bouvier, vous qui êtes comédienne, qu’est-ce que l’Adami entrevoit pour les artistes dramatiques ?

AB : Nous avons initié le programme Adami Déclencheur projet théâtre. C’est une sorte de « sauveur » qui est arrivé dans nos professions ! Ce programme est une nouvelle forme de soutien destinée aux comédiens associés de l’Adami pour les aider personnellement à développer leur projet de spectacle dès leur conception. À ce jour, 129 artistes en bénéficient. Cela leur donne de la légitimité et de la confiance pour se lancer.

Partagez-vous le regard d’Anne Bouvier ?

BB : Totalement. Appuyer l’artiste au démarrage de son projet change le rapport de force, à savoir le regard que peuvent porter ses interlocuteurs sur l’artiste et aussi le regard que porte l’artiste sur lui-même. C’est une reconnaissance. Quelque chose qui dit : l’artiste aussi peut être à l’initiative et pas seulement au service d’un projet.
Pour les musiciens, souvent auto-producteurs, cela peut permettre de rompre leur isolement. Et au final, notre soutien financier leur donne des moyens et de la motivation.

Pouvez-vous nous parler de la « Charte des valeurs » de l’Adami ?

BB et AB : Elle devra être signée par tous les porteurs de projets. Elle porte sur la parité, l’inclusion et la diversité, une juste rémunération au sein des équipes, sur la nécessité d’être éco-responsable avec une réflexion sur comment recycler les décors, rentabiliser les déplacements, utiliser des éclairages économes. Nous voulons sensibiliser notre communauté à ces sujets et pour cela, nous devons être exemplaires.

Le mot de la fin…

On espère que 2021 symbolisera la force des artistes. Qu’ils puissent de nouveau mener des projets car, ne l’oublions pas, les artistes vivent de  projets autant que de droits.

> dossier réforme accompagnement des artistes et des projets – mars 2021

> consultez les programmes des aides

illustration : Antonio Giovanni Panni

 

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